
- Kilian Granger (à gauche) et Tobias Donnet auront sans doute les cuisses qui chauffent en fin de semaine. (© Radio Chablais)
Kilian Granger et Tobias Donnet seront encordés durant quatre jours, eux qui prennent part cette semaine à leur deuxième Pierra Menta. Au-delà de l’aspect sportif, c’est l’aventure humaine qui prime pour les deux Chorgues.
Quatre jours de compétition au cœur du Beaufortain en Savoie. 10'000 mètres de dénivelé positif. 15 sommets à franchir. La Pierra Menta, c’est l’une des compétitions de ski alpinisme les plus difficiles au monde. Mais également l’une des plus mythiques et prisées. Kilian Granger et Tobias Donnet s’y élanceront dès mercredi matin pour la deuxième fois, après 2022. Les deux amis chorgues l’avouent : ils vouent un culte à cette épreuve.
« C’est la plus belle. Le temps semble s’arrêter durant quatre jours », commence Kilian Granger, 24 ans. « C’est l’ambiance qui est spéciale. Une vallée un peu reculée, dans un massif magnifique. On a l’impression d’être dans un cocon. C’est un peu notre Tour de France à nous », poursuit Tobias Donnet, d’une année son cadet. Mais qu’est-ce qui peut les fasciner autant ? Le côté sportif, tout d’abord.
Une entente qui remonte à bien longtemps
« Ce sont des étapes très variées, avec diverses composantes techniques. Il y a plein de choses à gérer, comme la récupération, le sommeil, la nutrition… », indique Tobias Donnet. 22e il y a trois ans, les deux Chablaisiens espèrent atteindre le Top-15 du général pour cette 39e édition, voire mieux sur certaines étapes. Mais ce qui les attire avant tout, c’est l’expérience humaine.
Les deux Valaisans sont meilleurs amis depuis leur plus jeune âge. Ensemble, le duo est passé par le ski alpin, la course de montagne, la course à pied, et bien sûr le ski alpinisme. Un vrai plus au moment de s’encorder sur des étapes qui dureront entre 2h30 et 3h30. « Tout le temps que nous pouvons passer ensemble est bon à prendre. Nous nous connaissons depuis des années, la cohésion est excellente. Et c’est ce qu’il faut pour une course de cette ampleur », témoigne Kilian Granger.
Et à les croire, les deux jeunes hommes n’ont même plus besoin de se parler lorsqu’ils sont en plein effort. « Nous n’avons plus rien à préparer avant une course comme la Pierra Menta. Nous savons lire sur le visage de l’autre s’il se sent bien ou pas », avance Tobias Donnet. Ce que confirme son pote : « Nous ne communiquons pas forcément avec des mots, mais plutôt avec des regards. On adapte alors notre rythme. »
Une frustration à gérer pour Tobias Donnet
Les vingtenaires semblent qui plus est en grande forme physique. Pourtant, leurs entraînements ne sont plus forcément identiques. Tobias Donnet est membre de l’équipe nationale de ski alpinisme, et ressort tout juste d’une grosse déception. Après un début d’hiver où il a dû faire l’impasse sur certaines étapes de Coupe du monde pour des raisons personnelles, le résident de Troistorrents a ciblé sa préparation sur la longue distance, afin de se préparer au mieux pour la course par équipe des Mondiaux notamment.
« La Fédération n’a cependant pas vraiment suivi mes performances et pas cherché à comprendre mon plan. Je me suis entraîné toute l’année pour une course qui est à deux pas de la maison, j’étais en forme, et on ne m’a pas laissé m’aligner. » La Pierra Menta fera donc office de belle bouchée d’oxygène pour lui. Son coéquipier Kilian Granger, quant à lui, est dans une année test. L’an dernier, il avait décidé de quitter le cadre national, en raison – entre autres – d’une certaine lassitude face à la direction que prenait son sport.
Un plaisir retrouvé
Depuis, le Morginois s’entraîne seul, et il ne regrette absolument pas son choix. « On m’avait dit que ce serait compliqué sans coach, sans cadre… Mais je me rends compte que ça me convient parfaitement. Je suis dans la meilleure forme de ma vie. J’ai trouvé mon rythme. » Et les complaintes de son coéquipier Tobias Donnet confortent encore plus sa décision.
« J’ai eu des déceptions sportives, et c’est aussi pour cela que j’ai quitté l’équipe suisse. Mais même en étant extérieur à cela, quand je vois que des copains sont pénalisés, ça me met les nerfs. » C’est donc l’esprit belliqueux que les Chablaisiens s’élanceront sur l’une des courses les plus difficiles au monde.
L'interview
Thierry Nicolet