- Miguel Bellon travaille dans l'épicerie tenue par sa mère Danièle depuis six ans.
Miguel Bellon va participer à ses huitièmes Jeux mondiaux des transplantés, dès dimanche en Italie. Le Chorgue sera accompagné par celle qui lui a donné un rein, sa mère Danièle. Rencontre.
Tous deux travaillent dans l’épicerie située au milieu du village de Troistorrents. Et tous deux sont unis par un lien plus fort que tout. Atteint d’une maladie rare à l’âge de neuf mois, Miguel Bellon a dû recevoir une greffe de rein alors qu’il n’avait que trois ans. Sa donneuse ne fut autre que sa propre mère, Danièle. « Quand on donne un organe à son enfant, le lien déjà très fusionnel ne peut qu’être renforcé », explique-t-elle.
Un renforcement qui s’observe aussi au sein de la famille plus large. « J’ai été très souple avec Miguel quand il était enfant, peut-être même trop. Mon mari a su faire la balance. Et ceci, additionné à l’épreuve que nous avons vécue et que nous vivons toujours, a créé un lien solide dans notre couple. »
Vingt-quatre ans après sa première greffe, Miguel a dû en subir une deuxième, son rein ne fonctionnant plus correctement. C’est cette-fois-ci sa tante qui a donné son organe.
Le ski, une affaire de famille
Miguel, 38 printemps, a rejoint sa mère il y a six ans dans le magasin qu’elle dirige. S’il travaille comme un employé tout-à-fait normal, le Chorgue ressent les effets de sa maladie tous les jours. Matin et soir, il doit prendre de nombreux médicaments, qui ont eu pour effet indésirable de fortement impacter son audition à l’oreille gauche. S’ajoutent à ceci de la fatigue et des tremblements. « Je dois aussi éviter tout contact brutal avec les reins. Je ne suis donc pas sensé pouvoir skier », avoue-t-il.
Seulement, en grandissant dans le Val-d’Illiez, difficile de pouvoir passer à côté de ce sport. Cette discipline alpine, il l’a découverte étant petit grâce à ses parents, et il l’adore. Au point qu’il est devenu moniteur dans le ski-club de Troistorrents, les mercredis après-midi. « Nous avons un lien assez fort avec les enfants. Quand ils viennent au magasin, ils me disent souvent qu’ils s’amusent bien avec moi », sourit Miguel.
Le Chorgue participe également aux Jeux mondiaux d’hiver des transplantés, organisés tous les deux ans. Il se rendra dès dimanche à Bormio, en Italie, pour la 12e édition de ces joutes, sa huitième personnelle. Il s’alignera en géant, super-G, slalom, slalom parallèle, ainsi qu’en curling. Mais avant le résultat, le Chablaisien souhaite avant tout porter un message. « Je fais tout ça avant tout pour promouvoir le don d’organe. Revoir aussi certaines personnes que je ne rencontre qu’à cette occasion. Même si, ça peut arriver, on s’attend à voir quelqu’un, et on apprend qu’il est malheureusement décédé. » Telle est la dure réalité des personnes transplantées.
Un événement fort en émotions
La bonne humeur est au rendez-vous de ces Mondiaux, même si l’émotion prend souvent le dessus. « Les gens sur place nous donnent beaucoup de leçons de vie. Ils ont été malades toute leur vie, mais ils sont là, debout à skier. Et pour nous, parents et amis, ça nous permet de voir que nous ne sommes pas seuls à devoir vivre ces situations », explique Danièle, qui participera également aux compétitions prévues pour les donneurs et donneuses.
Miguel Bellon entend profiter au maximum de ce rendez-vous sportif. « On ne sait jamais quand le rein ne fonctionnera de nouveau plus, qu’il faudra le changer. Je peux me projeter sur un ou deux mois, mais je vis surtout au jour le jour. » Mais le Valaisan reste avant tout optimiste : il souhaite ramener plusieurs médailles à Troistorrents d’ici à la semaine prochaine.
Thierry Nicolet