
- Avant sa dernière course de ce week-end, Erwan Käser nous a avoué avoir déjà baissé sa charge d'entraînement. (© Radio Chablais)
Après douze années dans l’élite, Erwan Käser a décidé de tirer la prise. Le Bellerin est convaincu d’avoir mis un terme à sa carrière au bon moment. Niveau en baisse, vie de famille… Interview entre prise de conscience et émotion.
C’est dans la maison qu’il rénove dans sa commune de Bex que nous avons rencontré le presque retraité Erwan Käser. Presque, puisque le Chablaisien a encore une course à disputer, ce week-end à Goms. Il s’agira de sa dernière en tant que fondeur professionnel, puisque le jeune papa de 32 ans a déclaré il y a moins d’une semaine quitter le haut niveau, via ses réseaux sociaux.
Une annonce qui n’était de loin pas facile à faire d’après le principal intéressé. « De l’annoncer à mes proches, c’était déjà difficile, même si nous en avions parlé tout l’hiver. Mais de l’annoncer aux autres, au ski-club de Bex notamment, ça a rendu la chose très concrète et émotionnelle. » Ce choix ne s’est en effet pas fait du jour au lendemain. Au mois de novembre dernier, il nous avait déjà mentionné que cet hiver pouvait être son dernier.
Un choix qui s’imposait
« Cette décision fut assez claire pour moi. Les résultats n’étaient pas là. Si j’avais pu continuer au haut niveau jusqu’à 40 ans je l’aurais fait, mais au bout d’un moment il faut être réaliste. Et j’ai compris que je n’avais plus le niveau pour cela », nous a-t-il expliqué. En 106 départs de Coupe du monde, dont le premier en 2013 à Davos, Erwan Käser a enregistré une 18e place comme meilleur résultat individuel, et cinq Top-10 en sprint par équipe.
« J’ai vraiment l’impression d’avoir pressé le citron jusqu’au bout. Mon corps ne peut plus aller aussi vite qu’avant. Mais je suis fier de m’être battu jusqu’au bout, sans abandonner. J’ai mis un terme à ma carrière de la même manière que je l’ai courue finalement » a ajouté celui qui a pris part aux Jeux Olympiques de 2018, et aux Mondiaux de 2021 et 2023. Ainsi, c’est principalement une question de performance qui a poussé le Vaudois à prendre sa retraite.
Une affaire de famille
Ce n’est pas pour autant qu’il nourrit des regrets. Erwan Käser n’en a d’ailleurs aucun. Si ce n’est un tout petit, qui concerne sa famille. « J’aurais peut-être dû mieux épauler mon frère quand nous étions plus petits, pour que lui aussi aie la chance de vivre une carrière sportive », a-t-il avoué. Mais de ses douze années au sein de l’élite, le Chablaisien n’en retient que du positif. Et notamment la relation qu’il a réussi à créer avec son cousin Jovian Hediger, actif en Coupe du monde entre 2009 et 2022.
« Il m’a écrit il y a quelques jours un message qui m’a touché au plus profond de moi. Ce sont des beaux moments, pleins d’émotion. Il avait l’impression que sa carrière continuait à travers la mienne. Mais désormais, c’est définitivement terminé. » Les deux hommes seront évidemment encore liés par le ski de fond, puisqu’ils entreront prochainement dans le comité du Ski-Club de Bex.
Des pistes à la douane
L’occasion pour Erwan Käser de transmettre sa passion aux plus jeunes. Et sa carrière devrait automatiquement en faire une figure d’exemple auprès des jeunes sportives et sportifs. « Je me rappelle quand je rêvais de faire pareil que notre star de l’époque, Peter von Allmen. J’espère avoir à mon tour réussi à faire rêver des jeunes du club de Bex ! » Outre cette activité, le Vaudois travaillera à 80% auprès des douanes suisses. Il souhaite également profiter de sa famille, ce qu’il n’a pas pu faire autant qu’il le souhaitait ces dernières années.
« De partir plusieurs semaines, ne pas faire de résultats, voir son épouse cravacher à la maison pour tout gérer, c’est vrai que ce n’était pas facile… » Erwan Käser aura ainsi désormais plus de temps à sa disposition. Pour sa famille, ses proches, et – qui sait – pour la formation de la future Bellerine ou du futur Bellerin à intégrer la Coupe du monde.
L'interview d'Erwan Käser
Thierry Nicolet