- la Celal Bayar est le Président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande.
Un mois après le séisme meurtrier qui a touché la Turquie et la Syrie, Celal Bayar est revenu sur cet événement pour Radio Chablais. Le Président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande s’est confié sur sa perception de la catastrophe.
Le 6 février dernier, deux séismes sont venus frapper le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, à quelques heures d’intervalle. Plus de 50'000 morts ont été recensés, et les dégâts matériels se chiffrent en milliards de francs. À environ 3'000 kilomètres de là, la communauté turque de Suisse romande a assisté, impuissante, à la « catastrophe du siècle », selon les mots de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Celal Bayar est le Président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande. Pour Radio Chablais, il a accepté de revenir sur ces événements. Après l’effroi et la stupéfaction, l’heure est désormais à l’aide humanitaire et aux réflexions sur l’avenir de son pays, notamment au niveau politique. Et tout cela, depuis la Suisse. Mais à en croire Celal Bayar, il n’y a pas de frustration à ne pas être sur place.
En Suisse romande, l’aide s’est rapidement organisée. De Collombey à Genève, en passant par Lausanne, de nombreuses initiatives citoyennes ont vu le jour. De nombreux habits chauds, du matériel de premier secours et hygiénique, ou encore des sacs de couchage ont été envoyés en Turquie et en Syrie. Désormais, l’aide se doit d’être financière, afin de pouvoir participer à l’élaboration de projets à long terme sur place.
Des changements politiques à prévoir ?
Toute grande catastrophe, naturelle ou non, amène inévitablement des changements. Ce fut déjà le cas en 1999, quand un séisme, déjà, avait frappé la ville d’Izmit, non loin d’Istanbul. Catastrophe qui avait, à l’époque, marqué l’avènement au pouvoir de l’AKP, le Parti de la justice et du développement, celui de l’actuel président, Recep Tayyip Erdogan.
Le tremblement de terre du 6 février pourrait lui aussi sonner le glas de la carrière politique de celui qui est au pouvoir depuis 2014. Selon Celal Bayar, ce scénario n’est pas impossible.
Ce potentiel changement de paradigme politique en Turquie serait notamment motivé par les « zones d’ombre » qui demeurent après ce séisme. « Il y a des manquements et des décisions prises qui nous questionnent, clairement », nous a expliqué Celal Bayar.
Celal Bayar d’ajouter que, depuis de nombreuses années, le gouvernement ne fait pas tout juste en matière de gestion des crises. Après le séisme de 1999, une taxe avait par exemple été introduite. Son objectif : doter certaines organisations parastatales actives dans la lutte contre les catastrophes naturelles de plus grands moyens. « On parle de milliards de dollars, et aujourd’hui on se demande où sont ces moyens, et s’ils ont été correctement gérés », indique Celal Bayar. Mais le Président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande tempère : « De toute manière, vu l’ampleur du tremblement de terre, il y aurait eu des dysfonctionnements, peu importe quel gouvernement était au pouvoir. »
Quelles conséquences pour la Suisse ?
À l’heure actuelle, 1'500 demandes d’asile ont été enregistrées au consulat de Suisse à Istanbul. Des personnes sinistrées pourraient ainsi arriver ces prochains jours sur le sol helvétique, en provenance de Syrie et de Turquie. « Personnellement, je n’ai pas de connaissances qui voudraient venir en Suisse », nous a expliqué Celal Bayar. Il n’empêche que les 26 cantons se préparent à accueillir de potentiels réfugiés, comme en Valais. Mathias Reynard nous a par exemple indiqué qu’il restait 250 places d’accueil dans le canton. Places occupées majoritairement par des Ukrainiens fuyant la guerre. Le point de vue de Celal Bayar sur cette thématique de l’immigration :
Afflux massif d’immigrants ou non, la Turquie est prête à avancer. « Nous sommes un peuple de bâtisseurs. Le Turc aime sa patrie, et nous reconstruirons ce qui est à reconstruire », promet Celal Bayar. Mais le président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande ne l’oublie pas : le temps venu, des réponses aux questions en suspens sur la gestion de ce séisme devront être données. Pour une raison simple : « C’est la leçon qu’il faut tirer de cette catastrophe : il ne faut plus que ça se répète »…
L'interview intégrale de Celal Bayar