L’avenir du basket suisse d’élite pose question. Avec le retrait de deux équipes du championnat de SB League, l’histoire semble se répéter. Et les solutions sont difficiles à trouver, du moins à court terme. Nous avons consacré notre table ronde de la semaine à cette thématique samedi dans « La Tablée des Sports ».
Le sommet de la pyramide du basket suisse vacille. Alors que Fribourg Olympic vient de remporter pour la 5ème fois d’affilée le titre de champion de Suisse, l’avenir des clubs de 1ère division est des plus flous. Si la formation fribourgeoise marche sur le petit monde de la sphère orange helvétique depuis six ans, ses adversaires, pendant ce temps-là, tirent de plus en plus la langue. A tel point que deux nouvelles équipes ont décidé de quitter la SB League. Le BC Boncourt, véritable emblème du basket sur la scène nationale, et Swiss Central ne joueront plus dans l’élite la saison prochaine. Des soucis financiers, ainsi que des problèmes structurels ont eu raison des ambitions des Jurassiens et des Lucernois dans la meilleure ligue du pays.
Pas les premiers, ni probablement les derniers
Avec cette décision de rejoindre des championnats inférieurs, le BCB et le club établi à Lucerne succèdent à Pully Lausanne, au BC Winterthour, au BBC Nyon ou encore au Vevey Riviera Basket, tous amenés au cours des dernières années à faire faux bond à l’ancienne ligue A, de manière volontaire ou non. Reste qu’à chaque fois, les caisses étaient vides ou ne pouvaient plus être remplies.
Mais si Boncourt et Swiss Central ont préféré jeter l’éponge, la situation n’est pas forcément beaucoup plus favorable ailleurs. Le BBC Nyon a eu toutes les peines du monde à obtenir une licence qui n’a pas été accordée en 1ère instance au Vevey Riviera Basket. Quant au BBC Monthey-Chablais, le budget ne diminue pas, mais la masse salariale dédiée aux joueurs a été revue à la baisse. Elle est désormais inférieure à 20'000 francs par mois.
L’argent n’est pas le seul point qui fâche
Face à une histoire qui semble se répéter presque chaque année, les questions qui entourent le basket suisse d’élite sont donc nombreuses. Car si les finances ont du mal à atteindre l’équilibre, d’autres facteurs apportent aussi leur lot de problèmes, à commencer par la médiatisation et les infrastructures. En Suisse, l’engouement autour du ballon orange reste mineur. Bien que retransmis en direct sur le web, les matchs attirent une audience toute relative. Et dans les salles, le public a beau répondre présent, les enceintes demeurent le plus souvent inadaptées. Certaines ne sont même pas munies d’un parquet.
A court ou moyen terme, les clubs risquent ainsi de devoir continuer à survivre plutôt qu’à vivre. L’inquiétude est-elle de mise ? Cette situation peut-elle durer ? Quel est le rôle à jouer de Swiss Basketball, la faîtière du basket helvétique, au milieu de ce tourbillon ? Nous avons posé ces questions samedi dans « La Tablée des Sports » à nos trois invités: Nathan Zana, président du Vevey Riviera Basket, Nicolas Oberholzer, responsable de l’équipe du BBC Monthey-Chablais, et Erik Lehmann, secrétaire général de Swiss Basketball.
Le défi de la professionnalisation
Le constat est là: le basket suisse d’élite est à la croisée des chemins. La situation dans laquelle il se trouve ne peut plus durer. Deux scénarios s’offrent à lui: faire un pas de retrait et composer avec un plus grand amateurisme, ou alors entrer dans une autre dimension, celle du « vrai » professionnalisme. Erik Lehmann ne se cache pas: « Continuer comme ça, ce n’est plus envisageable ». Pour le dirigeant de Swiss Basketball, la balance doit pencher du côté du professionnalisme.
Au vu du contexte, le défi s’annonce très difficile à relever. Un certain nombre de clubs ont du mal à monter des budgets qui dépassent le demi-million de francs pour leur équipe fanion et ils occupent pour la plupart des salles qui ne sont pas adaptées au sport de haut niveau. Des mesures pourraient néanmoins être prises pour accélérer le processus. Parmi elles: la limitation du nombre d'équipes en SB League, la mise en place d'un budget minimum pour pouvoir évoluer en 1ère division, ou encore la mise à disposition de matériel pour recouvrir les terrains qui seraient ainsi exclusivement tracés pour le basket.
Malgré cette liste, l'optimisme n'est pas pour autant de rigueur… Et pourtant. Nathan Zana et Nicolas Oberholzer ne baissent pas les bras. L’argent étant le nerf de la guerre, ils en appellent au soutien des collectivités publiques, plus spécialement au niveau cantonal et fédéral.
Le basket a besoin du soutien des autorités publiques
L’avenir du basket helvétique de premier plan reposerait-il entre les mains des autorités politiques ? Un signal positif de la part des instances de l’Etat ferait-il office d’impulsion pour que les acteurs du monde privé suivent le mouvement ? Swiss Basketball et les pensionnaires de SB League ont-ils les moyens de défendre des intérêts qui ont parfois tendance à diverger ? Nos trois invités de la semaine, Erik Lehmann, Nicolas Oberholzer et Nathan Zana, ont tenté de répondre à ces questions dans la seconde partie de notre table ronde.