
- Charly Rey-Mermet et son équipe ne peuvent pas certifier que l'élite du ski alpinisme reviendra à Morgins de sitôt. (© Radio Chablais)
Les Mondiaux de ski alpinisme de Morgins, c’est terminé. Moisson de médaille pour la Suisse, et dans l’ensemble bilan positif pour des organisateurs qui avouent cependant qu’ils ne se relanceront sûrement pas dans une telle aventure.
La semaine fut belle à Morgins à l’occasion des Championnats du monde de ski alpinisme. Athlètes, public et surtout organisateurs ont tiré un bilan très positif du spectacle proposé. « Je suis très satisfait de mon équipe. Tout a bien fonctionné, que ce soit au niveau des parcours, du village… » nous a confié le président du comité d’organisation Charly Rey-Mermet au terme de l’ultime épreuve ce samedi.
Seulement, rien n’indique que la station chablaisienne accueillera à nouveau un tel événement à court ou moyen terme. Après avoir accueilli des étapes de Coupe du monde en 2022 et 2023, puis les Mondiaux cette année, la fatigue se fait fortement ressentir au sein du comité. « Les journées étaient longues et compliquées. Nous avons fait le job, mais il était temps que cela se termine », nous a glissé Charly Rey-Mermet.
L'Olympisme a des impacts
« L’équipe est épuisée. C’est le final d’un projet de cinq ans, où nous avons accueilli la Coupe du monde et ces Mondiaux. Tout s’est bien déroulé, mais avec des difficultés énormes », a-t-il poursuivi. Ces difficultés, elles sont notamment dues aux nombreux critères et demandes de la Fédération internationale de ski alpinisme, l’ISMF.
« C’est très complexe. Il y avait par exemple un cahier des charges de 60 pages. Le sport devenant olympique, il cherche également la perfection. Des membres du CIO sont même venus ici. Je comprends leurs contraintes, mais derrière ce sont nous qui devons assumer. » À ceci s’ajoute un autre élément qui fait hésiter les organisateurs quant au retour de l’élite de ce sport à Morgins : l’argent.
Personne ne sera surpris : la mise sur pied de Mondiaux de ski alpinisme coûte cher. Et en faire un rendez-vous régulier ne serait pas possible d’après Charly Rey-Mermet. « C’est un budget de l’ordre de 600'000 francs. Nous ne pouvons pas aller en permanence toquer à la porte des entreprises. Ce n’est donc pas facile à couvrir, et je vous avoue que cette année j’ai eu chaud tout le long. D’autant plus que nous avons reçu l’attribution et les dates pour ces Mondiaux très tard, donc je n’ai pas pu démarcher autant de sponsors que souhaité. »
L'argent, le nerf de la guerre
Le président a de plus déploré que les efforts de son équipe n’aient pas forcément été récompensés par les coachs de l’équipe suisse. Nous vous l’indiquions vendredi, quelques athlètes – comme Pierre Mettan – n’avaient que peu goûté à la décision des entraîneurs de n’aligner que trois binômes sur la course par équipe de samedi, alors que huit places étaient disponibles. Avaient alors été évoqués des critères de sélection, qui n’ont pas plu à Charly Rey-Mermet, qui a pris cette explication comme un manque de respect.
« Ils (ndlr : les coachs) se sont comportés comme des goujats avec seulement une équipe masculine et deux féminines. La course par équipe, c’est l’essence même du ski alpinisme dans notre pays. C’est également pour nous l’épreuve la plus difficile et la plus chère à organiser. » Cet épisode ne jouera évidemment aucun rôle dans la décision des organisateurs de continuer – ou non – à organiser des épreuves à Morgins.
Mais si la réponse à cette question n’est pas encore officielle, le responsable parcours Yannick Ecoeur nous a donné un petit indice. Interrogé à ce sujet, le Chorgue nous a rétorqué la phrase suivante. « Je pense que nous allons gentiment tirer notre révérence. »
L'interview de Charly Rey-Mermet
Thierry Nicolet