- Malgré son sourire, Thomas Fritschi vit dans une certaine incertitude depuis quelques semaines. (© Radio Chablais)
Bien que le championnat de SB League ait déjà repris, le Vevey Riviera Basket attend toujours le feu vert pour y participer. Le club et la Fédération se renvoient la balle, tandis que le TAS met du temps pour trancher. Au milieu de ce désordre, ce sont surtout les joueurs qui en souffrent, à l’image de Thomas Fritschi.
« Chaque deux jours, on nous dit que nous aurons une réponse dans deux jours. » La patience de Thomas Fritschi est mise à rude épreuve depuis plusieurs semaines. L’Agaunois de 26 ans attend désespérément que son club du Vevey Riviera Basket, qu’il a rejoint cet été en provenance de Monthey, reçoive enfin sa licence pour évoluer dans le championnat de SB League. Pour rappel, l’équipe vaudoise s’était vue refuser l’obtention de son sésame par Swiss Basket, et a fait recours devant le Tribunal Arbitral du Sport.
Seulement, le jugement du TAS se fait attendre, et le championnat a déjà repris ses droits, le week-end dernier. Sans Vevey, et avec seulement neuf équipes. Et la réponse n’est toujours pas arrivée, le verdict étant sans cesse repoussé. Premières victimes de cette interminable attente : les joueurs. Car oui, il y a une équipe qui s’entraîne aux Galeries du Rivage. L’effectif du VRB est composé de huit joueurs professionnels sous contrat, dont trois Américains, en plus de jeunes du mouvement jeunesse.
Une fréquence d’entraînements aléatoire
Thomas Fritschi ne le cache pas : l’engouement va decrescendo parmi les joueurs. « Cela fait un mois et demi que nous nous entraînons. Au fur et à mesure, la motivation change. Il y a des jours où l’envie n’est pas là, et où on le fait comprendre. » Si bien qu’il puisse arriver que certains entraînements soient raccourcis, voire annulés. Il n’y a pas eu non plus de matchs de préparation. Une situation contre laquelle l’entraîneur veveysan, Ivan Beram, ne peut pas faire grand-chose.
Le coach croate pourrait être comparé à un capitaine de bateau qui navigue à vue vers un objectif flou, en plein brouillard. « Il fait son maximum pour nous tenir concentrés. Mais il sent parfois que l’équipe ne répond pas forcément », indique Thomas Fritschi. « Il a sans doute le rôle le plus compliqué, car il doit être garant de ce que dit le président, mais également garant de notre moral. Il cherche à construire quelque chose, mais sur des fondations très bancales. Cela a été une préparation placée sous le signe de la gestion de l’être humain plus que celle de la performance. »
Un Thomas Fritschi « un peu perdu »
L’ancien capitaine du BBC Monthey-Chablais avoue qu’il devient compliqué pour lui d’évoluer dans cette atmosphère faite de doutes et de questionnement perpétuel. Il ne sait pas vraiment quoi faire, mis à part attendre. Demander à son agent si d’autres équipes du championnat sont intéressées ? Partir à l’étranger, par exemple en Espagne, dont il possède la nationalité ? Pour l’instant, l’Agaunois avoue se sentir un peu perdu.
Le soutien, il le trouve principalement auprès de ses coéquipiers. « On se parle beaucoup, notamment des différentes solutions que nous pourrions trouver. » Une situation d’autant plus compliquée à vivre pour les trois joueurs Américains qui font partie de l’effectif actuel du VRB. « Ce sont des personnes qui ont tout plaqué, qui sont loin de leur famille… Pour eux, c’est l’inconnu total, ils ne savent pas combien de temps ils pourront être payés, s’ils devront rentrer… »
Attendre, attendre et attendre
N’allez pas croire cependant que les joueurs locaux, à l’image de Thomas Fritschi, ne se posent pas de questions. L’ancien capitaine du BBC Monthey-Chablais a mis de côté le monde professionnel « ordinaire » pour se concentrer sur sa passion du basket, et en vivre. « C’est clair que je me demande si c’était le bon choix, si je ne ferais pas mieux de trouver un travail et être mieux payé… »
Le résident de Saint-Maurice a également une pensée pour les tous jeunes joueurs, qui voient leurs rêves de Ligue A s’effondrer quelque peu. « Ça me fait mal de dire ça, mais je ne sais pas si à l’heure actuelle je conseillerais à un jeune prometteur de rester en Suisse. La possibilité de se développer en France, Espagne, États-Unis est bien plus grande qu’ici, avec des clubs helvétiques qui connaissent tous des difficultés financières. »
Celui qui a été séduit par le côté sportif du VRB, une équipe « qui a fait de très bons résultats ces dernières saisons », doit désormais encore attendre, et essayer de garder intacte la motivation qu’il lui reste. La réponse de la Fédération et du TAS devrait, selon nos informations, arriver cette semaine. « Cela étant, je ne sais pas si ça veut dire jeudi ou dimanche soir à 22h00… », souffle Thomas Fritschi. Le plus tôt sera le mieux.
Thierry Nicolet