- Arnaud Boisset est passé par de nombreuses étapes importantes cet été. (© DR)
Après une saison marquée par les chutes et une commotion, Arnaud Boisset s’apprête à retrouver la Coupe du monde de ski alpin. Le Martignerain entame cet hiver comme un nouveau départ, prêt à reconstruire la confiance nécessaire pour performer à nouveau au plus haut niveau.
C’était le 6 décembre 2024. Arnaud Boisset chutait lourdement à Beaver Creek, avec comme conséquences plusieurs contusions, une commotion et une suite d’hiver très compliquée, faite de deux autres crashs et d’une confiance qui s’était évaporée. Au mois de février, le skieur de Martigny avait décidé de dire stop, souhaitant se préserver avant que sa situation ne dégénère. « C’est la première fois qu’une blessure a vraiment eu un impact sur ma vie d’après. Je me suis dit : "OK, j’ai tapé la tête, c’est quand même sérieux." »
Il n’était dès lors pas question de brûler les étapes avant son retour. Outre sa condition physique et les traditionnels suivis par un coach mental et un hypnothérapeute, Arnaud Boisset a eu la curiosité de souscrire à deux autres thérapies, une cognitive et une émotionnelle. « Je me sentais bien à 95 %, mais moi j’ai besoin de l’être à 100 voire 200. Et ces thérapies un peu alternatives ont parfaitement fonctionné. » À cela s’ajoute une motivation de fer, puisque le Valaisan n’a pas une fois songé à arrêter sa carrière.
Préparer le retour à Beaver Creek
Les fruits de ce travail acharné ne pourront cependant être récoltés qu’en compétition. Cela tombe bien, puisque celle-ci se rapproche de plus en plus. Arnaud Boisset sera aligné sur le premier Super-G de la saison, le 27 novembre à Copper Mountain (USA). Une semaine plus tard, il enfilera un dossard à… Beaver Creek. La fameuse station nord-américaine qui aurait pu avoir des effets désastreux sur sportif de 27 ans. « Je suis très content de commencer la saison à Copper et pas à Beaver. La FIS a bien fait d’ajouter une course une semaine plus tôt dans le calendrier », plaisante-t-il. « Avec mon coach mental et mon psychologue, nous avons travaillé sur le fait de revenir sur les lieux de l’accident et de ne pas ressentir d’émotion, parce que ça peut être très compliqué. »
Séances de visualisation et d’hypnose ont ainsi été primordiales à l’approche de cette échéance. « Ce n’est pas moi qui décide de ressentir ou non de l’appréhension, c’est l’inconscient. On a refait la scène de différentes manières, pour avoir l’impression d’être déjà passé là mille fois. Ainsi, quand on arrive physiquement sur la piste, on a déjà “vécu” la situation, ce qui aide à passer l’obstacle », explique Arnaud Boisset. Toutes ces expériences, aussi compliquées furent-elles, le Martignerain les voit comme des atouts, comme une manière de gagner en expérience.
Super-G en Coupe du monde, descente en Coupe d’Europe
Reste le défi du retour au plus haut niveau. Il devra patienter avant de retrouver son rang dans une équipe suisse plus forte que jamais, avec huit athlètes parmi les trente meilleurs du monde. Ce qui signifie tout simplement qu’aucune place n'est disponible pour Arnaud Boisset en Coupe du monde de descente pour le moment. Ne lui reste que le Super-G. « Et si ça ne convient pas, je ferai un pas en arrière, construire la confiance, chercher des points en Coupe d’Europe. Et dès que je performerai à nouveau, j’aurai ma chance à l’échelon supérieur. »
Il apparaît clair que, au vu de sa situation et des événements récents, l’Octodurien ne souhaite pas chiffrer ses ambitions pour ce nouvel hiver. « Je pense que je ne serai pas pareil qu’avant. C’est un peu ma deuxième carrière qui commence. J’aimerais d’abord retrouver le vrai moi psychologiquement au départ. Une fois que je suis prêt à tout risquer, les performances suivront. » Arnaud Boisset est prêt à s’élancer dans sa saison à son rythme, mais avec tout le feu intérieur d’un compétiteur qui s’est relevé.
L'interview
Thierry Nicolet










































