- François Leboeuf a effectué son retour à la compétition sur la "Monthey d'Illiez", le 17 mai dernier. (© rjf.off)
Opéré des deux pieds en janvier, François Leboeuf a repris la compétition il y a quelques semaines. S’il retrouve peu à peu son rythme, il admet que son rapport à la course a changé.
Jamais François Leboeuf n’avait connu une pause forcée aussi longue. Mais celle-ci s’est révélée aussi nécessaire qu’instructive. Depuis environ deux ans, le coureur aiglon souffrait du syndrome de Haglund, une excroissance osseuse à l’arrière du talon qui irrite le tendon d’Achille. Ses performances en course n’étaient ainsi plus aussi bonnes que souhaitées, et le tout juste quarantenaire a décidé de se plier en janvier à une double opération pour soigner ses deux pieds. S’en sont suivis plusieurs mois d’immobilisation.
« Le fauteuil roulant, ça remet tout en question. Tu n’es plus autonome – et pour la première fois, j’avais du temps. Je suis vraiment reconnaissant de cette période finalement, car elle m’a permis d’orienter la suite. J’ai compris que j’avais envie de continuer, mais pas à n’importe quel prix. Je me suis rendu compte que je n’étais pas invincible », témoigne l’Aiglon. Pour pratiquer son sport de manière saine et sur la durée, il a ainsi dû mettre des priorités.
Le chrono n’importe plus autant
François Leboeuf a d’abord compris que sa femme Theres et lui ne pouvaient plus forcément courir tous les deux à haut niveau. « Elle a encore une marge de progression, donc autant la laisser. Moi, j’ai eu mon tour. » Ses enfants, qui courent eux aussi, ont également pesé dans la balance. « J’ai envie d’être près d’eux aux entraînements, en compétition… » Ainsi, les chronos ne sont plus un objectif majeur. Le Québécois d’origine préfère désormais se focaliser sur le ressenti et l’expérience. C’est par exemple ce qu’il a pu faire dimanche sur la Neirivue-Moléson 2025.
« Je m’étais préparé à marcher plus que d’habitude et à ne pas faire attention à mon temps. Et je suis content de l’avoir fait, car je n’avais pas de pression et je suis parti dans un rythme adéquat. Tu as même le temps de te sentir poussé par la foule, de lever un peu la tête… », explique-t-il. « Mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas être bon ! » La preuve : grâce à son âge, il s’est retrouvé sur le podium de la « Monthey d’Illiez » il y a moins d’un mois dans la catégorie M40 pour son grand retour à la compétition. Une performance rééditée sur la Neirivue-Moléson.
En Thurgovie avec une certaine zénitude
« Je retrouve les podiums que je n’avais plus en élite, car je n’avais plus le niveau à cause des douleurs », se réjouit François Leboeuf, qui nous a indiqué ne pas fermer la porte aux compétitions longue distance, mais tout de même se concentrer sur les plus petits formats. « J’ai retrouvé de la force dans le pied, mais il manque encore un peu de stabilisation. Je le sens en descente, même en montée, notamment sur les pierriers », avoue-t-il.
Le Chablaisien sera présent samedi sur les Championnats suisses de course de montagne à Fischingen, dans le canton de Thurgovie. Il s’y rendra avec ses bagages et un état d’esprit différent de celui d’il y a encore seulement quelques mois en arrière. « Je suis ressorti de cette convalescence plus zen, et je sais mieux où je vais. » À l’heure où son corps dicte un nouveau tempo, François Leboeuf avance avec lucidité, plaisir… et une pointe de sérénité.
L'interview de François Leboeuf
Thierry Nicolet
