
- Tanguy Grandjean s'est approprié le pumptrack de Monthey, à quelques mois des Mondiaux. (© Radio Chablais)
Difficile de pouvoir vivre de son sport quand celui-ci est encore en plein développement. C’est le cas dans le pumptrack, où la plupart des athlètes courent après les victoires mais également les sponsors, quitte à devoir devenir des « influenceurs ». À quatre mois des Mondiaux de la discipline à Monthey, nous avons abordé cela avec le Boyard Tanguy Grandjean.
Le pumptrack prend progressivement de plus en plus de place dans le quotidien de Tanguy Grandjean. À la base spécialiste à de BMX, le jeune homme d’Ollon a décidé – en raison notamment de résultats qui ne suivaient plus – de se consacrer ces dernières années à ce sport cycliste en plein essor, où les athlètes progressent sans devoir pédaler sur des circuits composés de bosses et de virages. À quelques mois des Mondiaux de la discipline, qui se tiendront du 3 au 7 septembre à Monthey, le Chablaisien souhaite se donner les moyens de courir pour un maillot arc-en-ciel (presque) à domicile.
« Mon entraînement est désormais beaucoup plus axé sur ce que je souhaite faire, et pas sur ce que j’ai l’impression de devoir faire », nous a-t-il indiqué. Afin de pouvoir être au départ dans quatre mois, le sportif de 20 ans devra participer à des manches qualificatives, qui se tiendront partout dans le monde. Ce qui signifie trajets, et donc dépenses. Et dans un sport aussi jeune que le pumptrack, rares sont les spécialistes à pouvoir en vivre. Il est ainsi nécessaire de trouver plusieurs sources de financement.
Un voyage en Espagne en mode économique
« Dans ce genre de sport, nous sommes les principaux acteurs de notre développement », témoigne Tanguy Grandjean, qui suit en parallèle une formation dans la santé. Il l’avoue : ce sont surtout ses parents qui l’aident financièrement. Si le Boyard peut compter sur une marque de vêtements de la région pour ses équipements, et que des distributeurs l’aident à bénéficier de tarifs préférentiels sur ses vélos, tout le reste est à sa charge. Pour la première manche de qualification, qui se tiendra le 17 mai prochain en Espagne, Tanguy Grandjean a décidé de joindre l’utile à l’agréable pour le trajet.
En compagnie de sa mère et d’un autre athlète, ils rejoindront Arrubal en van, profitant du trajet pour aller voir de la famille. Sur le lieu de compétition, les nuitées se feront dans le véhicule. « D’un point de vue de la performance, ce n’est pas l’idéal, c’est vrai. Mais ça nous permet de quand même pouvoir voyager à coûts diminués. » L’arrivée de nouveaux sponsors pourrait ainsi grandement aider le jeune Vaudois. Et plutôt que de faire du démarchage, plusieurs athlètes ont décidé de prendre le taureau par les cornes, en se vendant… sur les réseaux sociaux.
Encore « abstrait »
À l’ère du numérique, plus une sportive ou un sportif peut se faire remarquer, plus cela peut l’aider à mener une carrière de sportif semi, voire même professionnelle. Seulement, il est nécessaire de sortir du lot. « Sur les réseaux, nous avons besoin d’être nous-mêmes, tout en étant différents pour attirer l’attention de potentiels sponsors », explique Tanguy Grandjean.
« Il est ainsi possible d’avoir des sponsors plutôt en étant du côté de l’influence que celui des résultats », poursuit-il. Pour le moment, le Chablaisien dit gérer ce côté-ci de sa carrière sportive encore « assez mal », car il lui semble encore abstrait. « J’espère que je vais m’y faire. De toute façon, je devrai tout donner pour. »
L’interview de Tanguy Grandjean
Pumptrack et UCI, un mariage qui dure
Si le pumptrack est encore jeune, il se développe depuis 2018 sous l’égide de l’UCI. Avant cela, c’est principalement la marque de boisson énergétique Red Bull qui organisait des compétitions internationales. Mais voilà près de sept ans que l’Union cycliste internationale a intégré la discipline à son programme, organisant donc des Mondiaux – comme ceux qui se tiendront à Monthey.
Le pumptrack n’étant pas le cyclisme sur route ou le BMX, les moyens qui y sont dédiés sont encore limités. Nous avons fait le point avec le président de l’UCI, David Lappartient, sur la place qu’occupe actuellement ce sport au sein de l’organe basé à Aigle. Et le Français nous l’a directement avoué : il est un grand fan de pumptrack.
L’interview de David Lappartient
Thierry Nicolet