
- Gilles Mariau a de nombreux projets pour le rugby en Suisse. (© Radio Chablais)
Depuis le mois d’octobre dernier, le directeur général de la Fédération Suisse de Rugby est Blonaysan. Gilles Mariau a des rêves plein la tête, et souhaite développer au maximum ce sport dans notre pays. Rencontre.
Il a commencé à y jouer au lycée avec des copains il y a presque 35 ans et ne s’en est jamais vraiment éloigné. Il est passé de joueur à papa de joueur, puis à coach. Il est désormais le CEO de la FSR, la Fédération Suisse de Rugby. Nous vous parlons là de Gilles Mariau, qui réside à Blonay depuis une dizaine d’années. À la fin du mois d’octobre 2024, c’est sa candidature, parmi 200 autres, qui a été retenue pour succéder à Sébastien Desprez. « Avoir la possibilité à 50 ans de porter un projet-passion après 30 années passées dans les assurances, je trouvais que c’était un challenge excitant. »
Depuis, ce Français d’origine ne regrette absolument pas son choix, bien au contraire. Coach depuis quatre ans de l’équipe nationale des moins de 16 ans, il a eu la bonne surprise de reprendre une affaire qui tournait. « J’ai trouvé les finances très saines malgré les moyens limités. Un travail formidable avait été réalisé ces dix dernières années, notamment en termes de développement sportif et d’augmentation du budget de la Fédération », indique-t-il. Evidemment, ce n’est pas pour autant qu’il n’y a aucun chantier à prendre en main pour Gilles Mariau.
Un projet commun autour de la Nati
Selon lui, il est encore nécessaire de fédérer l’ensemble des acteurs du rugby suisse autour d’un projet commun. Et celui qui vit sur la Riviera a fait de ce projet son cheval de bataille. Première étape pour performer durablement : faire en sorte que tout le monde tire à la même corde. En Suisse, le rugby compte une cinquantaine de clubs et environ 5'000 licenciés, qui se retrouvent tous dans des bassins bien précis du territoire. « Le développement de ce sport est très hétérogène, le rugby restant principalement dans nos frontières un sport d’expatriés. Je souhaite suissiser ce sport le plus possible, afin de permettre un développement beaucoup plus large sur le territoire. »
L’une des autres priorités de ce développement reste bien entendu la formation. D’après Gilles Mariau, il est important de garder les jeunes dans les clubs. Arrivés à 14-15 ans, les adolescents voient les sollicitations externes se multiplier. « Il faut donc leur offrir des perspectives. » Ainsi, des académies ont été créées dans notre pays, accueillant des jeunes filles et jeunes garçons à potentiel pour les aider à progresser.
« Des centres élite ont également été ouverts, qui accueillent les joueurs du championnat suisse et les entraîneurs qui le désirent. Et ça c’est très nouveau, puisque ces derniers participent aux séances, le but étant de partager le projet de jeu de l’équipe nationale pour que les coachs puissent ensuite travailler en club avec un référentiel de jeu commun », ajoute Gilles Mariau. Ainsi, vous l’avez compris, la Fédération compte bien faire de la Nati sa base et son fer de lance pour mener son projet de développement à bien.
Une qualif’ en Coupe du monde comme consécration ?
Et cela tombe bien, puisque la Suisse a brillé récemment. Participant pour la première fois au Rugby Europe Championship, la deuxième division continentale derrière le Tournoi des VI Nations, le 15 de l’Edelweiss a obtenu une victoire historique face à l’Allemagne sur le score de 20-17. C’était le 15 mars dernier. Un succès qui pourrait bien amener une dynamique plus que positive et qui vient valider le bien-fondé du projet, selon Gilles Mariau. « Ça vient déjà valider le formidable travail de ce groupe », se réjouit-il.
« Le message du coach national était très fort : il fallait apprendre à perdre après avoir été invaincus pendant deux ans à l’échelon inférieur. Nous sommes encore évidemment la petite nation au milieu d’autres équipes au budget 10 à 15 fois supérieur au nôtre, mais c’est un signe très positif. » Et si la Suisse réussit à se maintenir à cet échelon la saison prochaine, les aspirations de Gilles Mariau ne manquent pas. « Une participation à la Coupe du monde 2031 ou 2035, pourquoi pas ! C’est un rêve, oui, mais personne ne peut nous empêcher d’en avoir. »
L'interview de Gilles Mariau
Thierry Nicolet