- Andrea Pyroth s'est plongée dans les archives pour réaliser cette recherche sur bêtes féroces tuées dans le Chablais vaudois. Ici, elle consulte le registre des comptes de syndics de la commune de Bex.
Les épisodes de chasse étaient monnaie courante dans le Chablais entre 1600 et 1785. L’archiviste communale de Bex, Ollon et Aigle, Andrea Pyroth, a effectué un recensement des bêtes féroces tuées dans la région aux 17 et 18e siècles.
Loups, ours, lynx et aigles semaient la terreur dans le Chablais entre 1600 et 1785. C’est ce qui ressort d’une recherche menée par l’archiviste communale de Bex, Ollon et Aigle, Andrea Pyroth. Elle a effectué un recensement des bêtes féroces tuées dans la partie vaudoise de la région. Plus de 1'100 loups, 245 ours et une centaine de lynx ont été tués en moins de 200 ans. À cette époque, l’écrasante majorité de la population vivait de l’agriculture, et n’avait pour seule source de revenu que son bétail. « C’était une question de survie pour les paysans de se débarrasser des carnassiers », explique Andrea Pyroth.
Les épisodes de chasse étaient donc légion dans notre région. L’on pouvait partir seul, à deux, ou même à 40 pendant plusieurs jours pour tuer les prédateurs. Les archives sur ces battues sont nombreuses, et peuvent même parfois être amusantes. Andrea Pyroth.
Les registres de comptes communaux témoignent des montants versés aux chasseurs après les épisodes de battues. Le paiement de ces récompenses – d’environ 20 florins – était partagé entre toutes les communes de la région, à savoir le gouvernement d’Aigle et le Chablais valaisan actuel. Par exemple, pour un loup tué sur son territoire, Bex paiera 20 florins (ainsi que du pain et du vin), et les autres communes 10 florins. La somme était ensuite divisée entre tous les chasseurs ayant participé à la battue, mais l’auteur du tir fatal recevait un bonus supplémentaire.
Bien entendu, les chasseurs devaient prouver la réussite de leur tir. Et là aussi, les archives sont précieuses. « Pour un loup, on devait montrer le cadavre entier, ou au moins la peau. Pour un ours, l’épaule et la tête suffisaient », indique Andrea Pyroth.
Le travail de recherche d'Andrea Pyroth a été publié dans un livre traitant de l'histoire d'Aigle.